sábado, 1 de agosto de 2009

Séance du 5 Août 09; Balzac et Le Colonel Chabert

Antoine Jean GROS, La Bataille d'Eyleau, Louvre
Le Colonel Chabert:
Le Colonel Chabert est un roman d’Honoré de Balzac qui paraît sous sa forme définitive en 1844. L'œuvre prend son titre définitif en 1844, une première version du texte ayant paru en 1832 (sous le titre la Transaction dans la revue L'Artiste (revue hebdomadaire). Il sera de nouveau publié en feuilleton dans le supplément littéraire du Le Constitutionnel en 1847.
Il entre dans les ''Scènes de la vie privée'' de la Comédie humaine, dont il est un des principaux romans.

Le colonel Chabert, en tant que tel, est une parenthèse émouvante dans la galerie de personnages de la Comédie humaine, un hommage rendu aux grognards de Napoléon Ier.

Si l’on ne retrouve plus ce personnage dans ''la Comédie humaine'' (excepté un rappel dans la Rabouilleuse, où Philippe Bridau évoque la charge glorieuse du colonel Chabert à la bataille d'Eylau, nombre de protagonistes du roman ont, en revanche, un rôle dans les œuvres suivantes ou précédentes, en particulier les gens de robe dont fait partie, Maître Derville.

Maître Derville, qui reçoit le colonel Chabert et accepte de le défendre, est un avoué important dans la Comédie humaine. On le retrouve dans Une ténébreuse affaire où il succède à Maître Bordin, et où le comte de Marsay meurt dans de mystérieuses circonstances.

Maître Derville est aussi l’avoué de la femme de Chabert, ce qui explique son insistance à éviter un procès et à proposer une transaction. Il acquiert dans Gobseck une grande réputation par la manière dont il rétablit la fortune de la vicomtesse de Grandlieu. C’est aussi l’avoué du père Goriot et l’exécuteur testamentaire de Gobseck pour sa nièce Esther dans Splendeurs et misères des courtisanes.

Thème :
Hyacinthe Chabert, enfant trouvé, qui a gagné ses galons de colonel dans la Garde Impériale en participant à l’expédition d’Égypte de Napoléon Ier, a épousé Rose Chapotel, une modeste roturière qu’il a installée dans un luxueux hôtel particulier.

Blessé en participant, au cours de la bataille d'Eylau en 1807, à la charge monumentale donnée par Joachim Murat qui force l’ennemi à la retraite, il est déclaré mort.

Resté vivant sous une montagne de cadavres, Chabert réussit à faire reconnaître son identité de l’autre côté du Rhin et, après de longs détours, il revient à Paris en 1817 pour découvrir que Rose Chapotel, remariée à un homme avide de pouvoir dont elle a deux enfants, portant maintenant le nom de comtesse Ferraud, a liquidé tous les biens du colonel Chabert en minimisant sa succession. Malgré le caractère invraisemblable de l’affaire du vieux Carrick, surnom donné à Chabert par les clercs de l’étude, Maître Derville accepte de s’occuper de l’affaire colonel Chabert.

Chabert voudrait retrouver ses biens, son rang, et peut-être sa femme. Mais il voit tout de suite les obstacles à ce dernier souhait, et il se borne de demander compte de sa fortune disparue.

Après maintes démarches, Derville conseille au colonel Chabert de ne pas saisir la justice et d’accepter une transaction. Le vieil homme est à deux doigts d’accepter lorsque une machination grossière de Rose Chapotel, qui a tenté de séduire son ex-mari par des câlineries, met en lumière la noirceur de ses intentions. Malgré le soutien de Maitre Derville, Chabert alors renonce à toute transaction déshonorante et disparaît pour se réfugier à l’hospice où il devient l’anonyme numéro 164, septième salle. Rencontrant, quelques années après, l’homme rendu méconnaissable par la misère, Derville s’écrie : Quelle destinée. Sorti de « l’hospice des enfants trouvés », il revient mourir à « l’hospice de la vieillesse », après avoir, dans l’intervalle, aidé Napoléon à conquérir l’Égypte et l’Europe.

Adaptation théâtrale :
2 juillet 1832 au théâtre : Le Colonel Chabert, histoire contemporaine en 2 actes, mêlée de chant, avec Jacques Arago, Paris, Théâtre du Vaudeville.

Adaptations au cinéma :
1943: Le Colonel Chabert (film, 1943) de René Le Hénaff
1994: Le Colonel Chabert (film, 1994) d’Yves Angelo.
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Quelques mots extraits de la préface de Pierre Gascar:
"Si Le Colonel Chabert ne comporte aucun élément surnaturel, si le personnage, déclaré officiellement mort à Eyleau et, dès lors, fort en peine pour se faire réadmettre parmi les vivants, ne représente qu'un fantôme historique, un anachronisme social" [...]
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Le Professeur Jacques Cardinal de l'Université de Montréal dans son brillant article "Perdre son nom, Identité, représentation et vraisemblance dans Le Colonel Chabert" , Poétique (Seuil), Nº 135, Septembre 2003; nous rappelle que le roman est une questionnement permanent de l'identité qui se définit entre l'être et le paraître, entre la définition de soi, mêmete, et altérite.
Pour le professeur Cardinal, "L'identité repose[...] en partie du moins, sur la performativité symbolique d'une déclaration. Montage légal qui suppose une chaîne de signatures autorisées qui noue ensemble un sujet et un nom" (p.310).
Cardinal fait attention à une "construction du discours où le simple s'oppose au complexe, comme l'authenticité s'oppose à l'artifice. En cela, le roman est bien autant procès de l'identité que procès de la représentation" (p. 316).

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